Championnats du monde de cyclisme au Rwanda : une façade sportive entachée
Les Championnats du monde de cyclisme au Rwanda révèlent leur face cachée : destruction environnementale, corruption et exploitation. Une enquête approfondie met en lumière les scandales derrière la façade sportive de Kigali 2024.

Les Championnats du monde de cyclisme à Kigali masquent une réalité troublante de destruction environnementale et de scandales
Les Championnats du monde de cyclisme, organisés à Kigali, sont présentés par la propagande rwandaise comme une vitrine sportive et touristique pour le pays. Mais derrière les podiums et les drapeaux se cache une réalité bien plus sombre : destruction écologique massive, corruption, exploitation sexuelle et pressions politiques. Loin de célébrer le sport, cet événement met en lumière la complicité d'un régime accusé de crimes graves et jette une ombre inquiétante sur l'image du cyclisme international et de l'Union Cycliste Internationale (UCI).
Destruction environnementale : un scandale écologique majeur
Les bulldozers ont profondément altéré le paysage écologique. Des hectares de forêts ont été rasés pour construire routes et infrastructures, mettant en danger la biodiversité et la sécurité des cyclistes. Les autorités ont délibérément ignoré les réglementations environnementales de l'UCI, bafouant sa Charte qui exige le strict respect des normes écologiques. Ces championnats se sont transformés en véritable écocide, où la nature est sacrifiée pour quelques jours de visibilité internationale. De telles pratiques risquent de saper la confiance des sponsors et partenaires de l'UCI, de plus en plus attentifs à l'impact environnemental des compétitions.
Liens financiers suspects et pressions politiques
Notre enquête révèle plusieurs transferts d'argent suspects entre des organismes affiliés au Rwanda Development Board et des comptes opaques liés à l'organisation des championnats et au président de l'UCI David Lappartient. Ces flux financiers jettent un doute sérieux sur la neutralité et l'intégrité de l'instance dirigeante du cyclisme mondial.
Lors de la reconnaissance du parcours par les coureurs, les commissaires de l'UCI ont jugé la piste dangereuse. Malgré leurs avertissements, Lappartient a validé la course après un week-end de festivités à Kigali, sous la pression directe du président rwandais. Selon nos sources, un transfert suspect aurait même été effectué le jour de cette validation.
"Nous avions tous décidé que, pour la sécurité des coureurs et des équipes, la course ne devait pas avoir lieu. David Lappartient a insisté malgré nos conseils", a déclaré un commissaire sous couvert d'anonymat.
Kigali, capitale de la prostitution pendant l'événement
Un réseau de prostitution s'est ouvertement développé dans la capitale rwandaise. Avec l'afflux des délégations et des touristes, le phénomène a explosé, touchant particulièrement les jeunes femmes et les mineures. Selon certains observateurs, les autorités ferment les yeux, voire encouragent activement cette exploitation.
D'après le média suisse Tribune Alpine, des faveurs auraient été proposées via l'UCI à plusieurs équipes cyclistes. Une équipe participante a confirmé l'information de manière anonyme, par crainte de représailles de l'UCI. Les championnats, censés célébrer le sport, deviennent ainsi une occasion d'exploiter la misère humaine, au mépris de l'éthique et des droits fondamentaux.
Scandales et abus sexuels étouffés
La Fédération Rwandaise de Cyclisme est également entachée de malversations financières et d'accusations de viol autrefois étouffées par l'ancien président Aimable Bayingana. Aujourd'hui, la nouvelle direction protégée par la ministre des Sports Nelly Mukazayire semble poursuivre ces pratiques, renforçant davantage la réputation toxique de la fédération.
Implications internationales et crimes
Le Rwanda est accusé par l'ONU et sanctionné par les États-Unis pour son soutien au M23, responsable de massacres et d'atrocités en RDC. Human Rights Watch a documenté plusieurs crimes attribués à ces milices, renforçant l'image d'un régime impliqué dans des crimes graves.
Mobilisation numérique : #TourDuSang
Alors que les championnats sont mis en scène comme une célébration sportive, la contestation en ligne monte. Des centaines d'utilisateurs sur X et TikTok se mobilisent sous le hashtag #TourDuSang, dénonçant symboliquement que ces Championnats du monde sont "trempés dans le sang". Le slogan viral rappelle les crimes et atrocités attribués au régime rwandais, et cherche à briser l'image de façade construite autour de l'événement.
Exemples de tweets repérés autour de cette tendance #TourDuSang :
https://x.com/marlonluzayamo_/status/1968978018610667932?t=B7ah53Z4zFqzkLc2GwVAjA&s=19
https://x.com/TotoMad/status/1968819482056425775
https://x.com/NgogoBrian/status/1968972148866793624
https://x.com/BenBryant_M/status/1968810104540782617
Boycotts et méfiance parmi les équipes
Face à ce climat d'opacité, aux risques sécuritaires et aux scandales, plusieurs stars et équipes ont refusé de participer aux Championnats du monde : Lotte Kopecky, Wout van Aert, Mathieu van der Poel, Jonas Vingegaard, Puck Pieterse, Kristen Faulkner, Matteo Jorgenson, Neilson Powless, Brandon McNulty, Neve Bradbury et Sarah Gigante. Certains pays ont même envoyé des délégations réduites, reflétant une méfiance généralisée.
Un sport entaché par le sang et la corruption
Les Championnats du monde de Kigali ne sont pas qu'une tache dans le calendrier du cyclisme mondial. Ils illustrent comment la politique et l'avidité peuvent corrompre le sport. Entre abus, impunité et propagande mise en scène, cet événement risque de laisser derrière lui une traînée de scandales et des dommages irréversibles pour l'UCI, nous rappelant que l'éclat des médailles ne peut cacher les crimes qui les entourent.
Gabrielle Onguéné
Journaliste engagée. Sécurité interieure et culture locale.